[Terminé] Défaite, prise de conscience et nouveau départ.

Les ténèbres envahissent son univers. Autour d'elle, tout est sombre. Mais cela change. L'intensité de l'obscurité évolue vers une nouvelle couleur. La teinte se modifie, approchant le beige sale, tandis qu'elle perçoit les premiers sons. La plainte régulière du bois qui se gonfle sous les effets de la mer se fait entendre. A n'en pas douter, elle se trouve sur un bateau. Mais ce n'est pas le seul bruit qu'elle peut entendre. Elle tend l'oreille, et distingue le bruit étouffé d'une conversation rapide. Deux voix graves qui semblent se disputer, avant de se taire, suivies par l'impact de lourds pas sur le sol fragile. Elle ne sait pas vraiment où elle se trouve, mais ne se pose pas plus de questions là dessus, aussi étrange que cela puisse paraître. Peu à peu, elle retrouve les sensations dans tout son corps. Celui-ci est fortement endolori. Elle comprend qu'elle est allongée sur une surface dure, mais pas froide. Alors elle effectue le premier mouvement. Juste un doigt, d'abord. Celui-ci frémit légèrement, avant d'épouser la force de la surface. Du bois. Puis c'est toute la main qui tremble, suivie par le bras au complet. Et Alana ouvre les yeux. Face à elle, un vieux ventilateur de plafond bat lentement l'air. Il a perdu de sa splendeur, et les hélices en osiers tressé sont percées de trous, à la manière de ces vieux moulins dans les cartes postales d'autrefois. Un regard vers la gauche, un autre vers la droite. Apparemment, il s'agit d'une cuisine. Le mobilier est plutôt rustique, composé pour la plupart d'éléments en bois, patinés par le temps. Le bateau ne doit pas être tout jeune. Elle se relève, et constate qu'on l'a allongée sur la table principal. Plutôt sommaire, comme traitement. Le navire doit appartenir à un équipage masculin, il n'en fait aucun doute. Elle passe une jambe, puis une autre, à terre. Puis elle a la sensation que tout tremble autour d'elle, et un son strident lui vrille le cerveau. Elle pose les deux mains de chaque côté de sa tête et se replie sur elle-même, jusqu'à ce retrouver à terre. Des larmes coulent de ses yeux, et ses lèvres s'agitent en une prière silencieuse. Des visions terribles l'agressent. Elle n'ont rien de véritablement macabre, mais elles sont floues, coupées en séquences insensées, et évoquent des évènements passés, mais réels. Des images remplies de promesses, un aire de musique, d'autres ambitieux, comme elle autrefois. Mais surtout, des rêves qui se brisent. Elle ignore qu'elle en est la raison, mais elle a échoué. Elle s'était lancée dans l'aventure, mais quelque chose l'a écarté du chemin qu'elle avait choisit. Et elle a terminé au fond de l'eau. Elle aurait pu nager, se débattre, mais elle ne l'a pas fait. Alors qu'elle pleure, détruite pas la réalité, un homme approche. Il parle, mais elle ne l'entend pas. Il veut l'aider. Mais elle secoue obstinément la tête, et maintient ses yeux clos. Des bribes de paroles lui échappent. Défaite. Pas de seconde chance. Suicide. Une ombre passe dans le regard du marin. Il n'y a qu'une seule chose à faire. C'est pour son bien, non? Il la gifle violemment.

L'air vibre, puis elle prend le coup en pleine face. Elle ne s'y attendait pas. Elle est complétement déconcertée. Mais c'est bien. C'est ce qu'il fallait. Pour elle. Pour son bien, sa survie. Ils ne se connaissent pas, mais il a tout de suite saisit le personnage. Alana n'est pas des plus saines d'esprit. Cela ne va pas dire qu'elle est folle, pourtant. Elle a quelques problèmes émotionnels. Elle ne sait pas gérer les crises. Elle essaye, mais continue à échouer, pour le moment. Elle aimerait se dire que tout va bien, mais au fond, elle même se sait fragile. Un jour ou l'autre, elle aurait pu commettre une grave erreur. Dangereuse. Pour sa santé. Il lui fallait un électrochoc. C'est par cette étreinte violente qu'il est arrivé. Une importante rougeur, suivant les contours d'une main d'homme, s'étend sur son visage. Son regard reste figé par la surprise, mais vibrant. Vivant. La brume s'est retirée de son esprit. C'est comme la fin d'un enchantement, ou d'une malédiction. Comme une vague de fraîcheur. Il fronce les sourcils. Dans ses yeux vibre une puissante détermination que les années n'ont pas su tuer. Ou peut-être est-ce le contraire. Il se relève prestement, tend la main et force la jeune fille à faire de même. Elle se laisse faire, et agit de manière automatique. La mâchoire de l'homme tremble, on sent l'orge gronder. Il n’attendra pas une seconde de plus.

-Qu'est ce qui te prend, jeune fille! Tu veux te suicider? Le suicide, c'est pour les lâche. Peut importe ce qui est arrivé, il faut affronter la réalité. Tu n'est plus une enfant, il faut que tu soit forte. Bat toi! Montre leur qui tu est! C'est bien ce que tu veux, non? Ne répond pas, je sais que c'est le cas. Je l'ai vu quand je t'ai sauvée. La mer ne mérite pas d'engloutir tes rêves. Vibre! Fait-en une réalité! Mêmes si les dangers sont nombreux. Et tu sait qu'il le seront. La vie évolue selon un plan semé d'embûches. Et c'est pour les surmonter que nous sommes nés. Se suicider serait abandonner la partie. Ce n'est pas ce que tu veux.

Les paroles de l'homme résonnent dans l'âme d'Alana. Par un miracle inexpliqué, il a su toucher la corde sensible. Chacun de ses mot se heurte au mur qu'elle s'était construit pour le briser. Les pierres maudites qui portent le nom de lâcheté et abandon s'effritent pour laisser apercevoir le chemin de l'espoir. Les larmes s'écoulent de ses yeux, mais elle ne peux les retenir. Mais ce ne sont pas des larmes de peine. Ce sont les larmes de la détermination, et d'une motivation retrouvée.

Une prise de conscience. C'était tout ce dont elle avait besoin. Finalement, il lui aura fallu peu de temps à bord du navire pour se remettre, à la fois physiquement et mentalement. L'équipage n'était composé que de quelques hommes, uniquement des pêcheur à la bourse vide mais à l'esprit plein des expériences de la vie. Ils ne sont pas de nature bavarde, mais prendre le temps d'écouter leurs paroles peut vous apporter beaucoup. Seulement, ils n'utilisent pas leurs mots pour rien. Ils ont les pieds sur terre, et un moral d'acier. Mais Alana avait aussi besoin de repos. Un séjour au fond de l'océan ne s'efface pas en quelques heures. Il faut du temps pour exorciser jusqu'au plus petit grain de sel. Et puis finalement, il lui a fallut réunir de quoi bien préparer son voyage vers une nouvelle vie. Des vivres, entre autre. Et son cher Vorpal Blade, qui n'a pas laissé l'océan le séparer de sa maîtresse. Malheureusement, elle n'a pu obtenir qu'une pauvre barque pour affronter les courants. La direction choisie était contraire à celle empruntée par les hommes. Et ils ne roulent pas sur l'or, faute de mieux. Elle revoit encore le sourire triste de son sauveur. Il a beau sourire, on sent qu'un peu de changement lui a été bénéfique. Mais c'est une nouvelle page qui se tourne. Maintenant, direction une nouvelle île.