L'appel de l'après-mission. Que de changements ! [Solo]

...Suite du RP à Impel Down

La mer est calme et silencieuse. Le vent, très faible, ne fait avancer les bateaux que très lentement. D'ailleurs, allongé sur l'unique transat de ma petite barque, je ne me sens pas du tout pressé d'arriver. En tant normal, je dors à ce moment-là, bercé par les mouvements perpétuels continus et rythmés de la barque sur l'eau, et c'est Envy, le garçon aux cheveux noirs qui m'accompagne partout où je vais, qui s'occupe du bateau et de sa direction. Il se débrouille pas mal pour un gamin de 10 ans à peine. Il pourra être un très bon navigateur plus tard ; nous parcourrons toutes les mers à deux, moi me battant contre les pirates et révolutionnaires et Envy faisant avancer le bateau.

Enfin, cette fois-ci, je n'arrive pas à dormir. La dernière mission que l'on m'avait confiée avait été d'empêcher un ex-Shichibukai de s'échapper d'Impel Down, et même si j'ai eu avec moi un nombre considérable de soldats, ce fût un échec total et sans appel. Du coup, j'ai été appelé à la base centrale de l'organisation secrète dans laquelle je travaille depuis un bout de temps déjà : Le Cipher Pol 9, appelé entre-nous Cp9. Nous sommes invisibles du monde, nous sommes des tueurs et des chasseurs. Ceux qui nous connaissent nous craignent, aussi peu soient-ils.

Que vont-ils me faire ? S'ils ont décidé de me renvoyer, ils vont aussi me tuer, pour être certain que je ne dévoile aucune information capitale à un ennemi du gouvernement. C'est le choix le plus probable. Que peuvent-ils faire d'autre ? Me féliciter ? C'est impossible ! Je pourrais peut-être fuir dès maintenant, mais cela ne servirait à rien, je n'ai pas du tout envie de vivre en rejet de la société, rechercher par la plus puissante organisation mondiale.

La terre, peu à peu, se voit rapprochée du bateau languissant tout autant que moi. Le gosse, ainsi l'appelle-je, n'arrivant plus à tenir en place, je décide d'enfin me lever et de prendre la barre à sa place, afin qu'il puisse vider son énergie trop grande à courir une centaine de fois autour du bateau avant d'arriver à bon port. Il n'est pas vraiment au cours de la situation délicate dans laquelle je suis... Le lui dire ne ferait rien d'autre que le rendre malheureux, ça ne servirait à rien.

Déjà de loin, l'île gouvernementale semble immense. Elle est pourvue d'une porte gargantuesque à l'arrière, menant à la célèbre prison dont on dit qu'une fois rentré à l'intérieur, on ne peut plus jamais en ressortir. Du moins, pour les pirates enfermés. Peut-être était-ce différent pour les Capitaines Corsaires. Sans m'en rendre compte, mon poing se resserre sur lui-même, souffrant des souvenirs trop proche d'une défaite amère et de l'idée trop proche, elle aussi, d'une mort possible. Devant cette porte se trouve une espèce d'énorme château dont il fallait grimper beaucoup trop de marches pour pouvoir atteindre son sommet. Tout en cette île semble démesuré ! C'est incroyable !

Le bateau arriva enfin aux côtes de l'île, qui est finalement plus une base humainement créée qu'une île naturelle. Tandis que j'amarre la barque au premier poteau venu, Envy saute déjà sur terre et s’étire de tout son long, les bras en l'air. En me relevant, je le regarde d'un air compatissant et lui dis :

« Désolé gamin, mais je dois faire des choses confidentielles en haut de ces longs escaliers. Tu vas devoir rester ici. »
« Je ne m'appelle pas "gamin"... ! Je peux quand même faire un tour ? »
« Oui, mais reste dans les environs du port. Je peux revenir à tout moment -et pas forcément seul, des gardes vont peut-être me poursuivre...- et je vais sûrement devoir partir très rapidement. Et si tu t'aventure dans les parties gouvernementales confidentielles et qu'on te voit, tu risques la mort. »

C'est simple et direct comme nouvelle, tout enfant normal de son âge aurait pleuré en entendant une mort aussi palpable. Mais voilà, Envy n'est pas normal et il a maintenant l'habitude de m'entendre dire ce genre de choses. C'est vrai, souvent je dramatise légèrement ce qu'il peut arriver. Il est probablement en train de penser que j'abuse une nouvelle fois... Sauf que cette fois-ci, je sais exactement ce qu'il risque de se passer s'il franchit les limites, et mes mises en gardes ne sont pas si loin que ça de la vérité.

Nous nous séparons donc ; lui le sourire aux lèvres, de découvrir de nouveaux horizons en attendant son modèle, moi une boule aux tripes, ne sachant pas vraiment à quoi m'attendre.
"Puisse le sort m'être favorable". Voilà ce que je me surpris à penser tandis que je posais mon premier par sur Enies Lobby.

Je ne l'avais pas remarqué en arrivant sur l'île, mais cette dernière est bondée de monde ! Pas d'habitant, ça il n'y en a aucun, mais de Marines. C'est incroyable, alors que je traverse les sas de la base, je vois de plus en plus de gardes en uniforme marin. Je ne m'attendais pas du tout à voir autant de gens ici ! Mes yeux morts, je ne fais que sentir leur présence. A cause de leur nombre trop grand, je dois même m'asseoir quelques fois, oppressé par tant de présences guerrières autour de moi. C'est dire !

A chaque sas, les gardes me demandent de me présenter. Et à chaque fois, dès que je réponds : "Ferl' Gajeel, appelé par mon supérieur", ils gagnent des yeux ronds et me laissent passer, hébétés. J'ai beau n'être pas spécialement plus fort qu'eux, ils semblent tous apeurés devant une puissance qu'ils pensent énorme. Peut-être l'aurai un jour, cette puissance redoutable. Mais en attendant, je ne possède qu'un faible fruit du démon qui m'oblige à toucher quelqu'un pour lui faire quelque chose. Au final, lui trancher la gorge est plus rapide ! Ensuite, niveau Rokushiki, je ne connais que le Soru et le Geppou. Ah, c'est pas de ça qu'ils doivent avoir peur !

Enfin arrivent les escaliers. Devant une aussi grande masse de pierre, je ne peux me sentir que minuscule. Il doit y avoir un bon grand millier de marche s'étalant devant moi ! Mais entre nous s'élève aussi une dizaine de soldats, armés jusqu'aux dents, me toisant sévèrement.

« Présentez-vous, monsieur. »
« Ferl' Gajeel. Partie secrète du Gouvernement. Appelé ici par mon supérieur depuis Impel Down. »
« Ah, oui ! Glups... Vous pouvez y aller... Heu, ils vous attendent ! »

Ils m'attendent ? Combien vont-ils être juste pour un Espion du Cipher Pol ? C'est pas le genre de nouvelle qui soit de bonne augure... Enfin, les escaliers s'annoncent longs et déjà à la première marche escaladée, je me sens fatigué !

Effectivement, la périlleuse montée se voit particulièrement longue, mais surtout ennuyante. Des gardes sont postés toutes les deux marches, debouts, bien droits, comme si l'ont était à l'armée !

Arrivé à la moitié des marches, une puissante douleur m'envahit la main droite, main même ayant tenu l'épée maudite quelques jours auparavant. Cette épée est désormais dans mon dos, enroulée dans une tonne de papier-mâché. Est-ce à cause de sa malédiction ? Est-ce lié ? Il n'empêche que ma main tremble de douleur et que le reste de mon corps s'accroupit de lui-même, se bloquant de partout pour mieux supporter l'effroyable mal qui rongeait l'avant-bras aussi, désormais. Soudain, la douleur est partie aussi vite qu'elle était apparue. Plus rien ne se faisait sentir, aucune douleur ni rien, et ma main semblait intacte. Très étrange, ce qu'il venait de se passer... Peut-être aurai-je l'occasion d'en parler aux supérieurs ?

Je reprends ma marche lente, et enfin, l'escalier pourtant interminable me montre son bout après tant d'attente. Tandis que je me retourne, une vue imprenable sur la base et l'océan s'offre à moi. Quelle beauté que l'océan... J'espère vraiment pouvoir le parcourir encore.

Le bâtiment en face de moi est immense. La porte blindée est faite d'or et de bronze. Et tandis qu'elle s'ouvre lentement devant moi, je reste aussi hébété que les gardes qui viennent d'apprendre mon nom par un aussi vaste et beau tas de briques.

La porte s'est rapidement ouverte. Il semble faire très sombre à l'intérieur, je ne vois même pas ce qu'il y a ! Enfin, c'est là que va changer probablement toute ma destinée... En un long soupir tendu par les crampes me tenaillant, j'avance de mon premier pas vers cet intérieur de bâtiment sombre.

A peine entré dans le bâtiment, les lourdes portes de devant par lesquelles je viens de passer se referment avec la délicatesse d'un éléphant écrasant une chèvre malade. Le bruit des portes est d'ailleurs tellement puissant que j'en ai sursauté. Mais à peine ai-je le temps de tenter de deviner qui est avec moi dans la pièce que l'on me parle. Cette pièce est d'ailleurs tellement énorme que les voix sévères s'y élevant résonnent une bonne dizaine de fois chacune.

« Avancez, agent Gajeel. Nous vous attendions. »

A tâtons, j'avance petit pas à petit pas. Dès que je discerne la présence des personnes présentes correctement, je m’arrête et fixe ces-dernières de mes pensées. Ils sont trois. Chacun assis sur un siège probablement tous les trois bien décorés. Je n'en reconnais aucun des trois. Sûrement est-ce le Chef des Cp9 au centre, mais je n'ai aucune idée de qui peuvent être les deux autres. Mais alors, mes soupçons se confirment autant qu'ils sont arrêtés par la même voix, s'élevant de la personne du milieu.

« La séance peut commencer. Je suis le Chef de la neuvième partie de l'organisation de Cipher Pol. Nous vous avions appelés en dernier recours, n'ayant pas d'autre agent à proximité, afin d'empêcher l'évasion de l'ancien Capitaine Corsaire. Ce fût un échec total, je me trompe ? »
« Non, monsieur. J'ai tout tenté pour... »
« Silence ! Nous avons eu vent de votre vaine tentative, bien que joliment pensée, d'arrêter ces évadés en vous procurant une épée de qualité supérieur, bien que vous sachiez qu'elle fut maudite. Est-ce exact ? »
« Oui, monsieur. »
« Pouvons-nous y jeter un oeil ? »

D'un geste lent, sans la moindre expression sur le visage, je déplace mon bras et pose ma main droite sur le manche emballé de l'épée. Tout aussi lentement, je la pose sur le sol et commence à la déballer. Une fois découverte au public en face de moi, la douleur ressentie un peu plus tôt, dans les escaliers, sur l'entièreté de mon avant-bras droit, décide de recommencer. Ne pouvant réprimer la douleur, j'entoure ma main droite de sa jumelle, intacte. Mes supérieurs semblent admirer le spectacle, ne bougeant pas d'un millimètre.

« Etant aveugle, je suppose que vous ne l'avez pas remarqué, mais votre main droite est carbonisée. »
« Quoi ?! Comment ?! »
« Qu'attendiez-vous avec une épée maudite ? Elle brûle tout membre voulant la manier ! Apprenez la malédiction d'une lame avant de la manier, voyons ! »
« Mais... Comment vais-je faire pour me battre, sans main ?! Je... Je suppose que ma carrière s'achève ici, en plus de mon échec cuisant à Impel Down. »
« En fait, nous avons une autre alternative. Nous pouvons accepter de vous garder et de vous rendre vos capacités, qui pourront sûrement en ressortir même améliorées. »
« C'est-à-dire ? »
« Notre scientifique attitré a fait de nouvelle recherches technologiques, et nous avons deux choses à vous proposer. »
« Quelles sont-elles ? »
« Nous pouvons vous donner une main mécanique, à la place de la carbonisée, et un oeil de cyborg à la place du droit. »
« Quoi ? Vous êtes sérieux ?! »
« Ne vous chauffez pas trop vite ! Vous avez tout de même raté une mission importante, agent Gajeel. Aussi, afin de bénéficier de ces avantages donnés à vous seuls, nous avons besoin d'être sûr que vous en garderez bon usage, surtout que ces derniers ne sont pas gratuits. Il vous sera donc demandé de dire adieu à l'enfant qui vous suit, tandis que votre épée vous sera confisquée. »
« Envy ?! Jamais !! »
« Il sera placé en bonne famille d'accueil. Et il vous sera remis une autre épée, de moins bonne qualité, certes, mais tout de même appréciable, puisque non-maudite. Vous avez 5 minutes pour réfléchir. C'est ça, ou la mort. »
« L'alternative n'est pas très démocratique... »
« Avez-vous décidé ? »

Je me tais quelques minutes. Je suis bouleversé. Ils ont l'intention de faire de moi un semi-cyborg ? Enfin, ça m'arrangerait bien, vu mon état... Mais me séparer d'Envy... Comment puis-je accepter ça ?! Enfin, quoique que je choisisse, je ne le reverrai plus jamais. Le choix est donc rapidement fait.

« J'ai décidé, mon maître. »
« Et qu'en est-il ? »
« J'accepte votre proposition, mais à conditions. »

Je viens à peine d'entrer dans le bâtiment qu'une conversation dure à avaler commence à m'oppresser. Je n'arrive même pas à comprendre si ce qu'il va m'arriver est bénéfique ou non. En échange de ma place gardée au sein du Cp9, d'une main mécanique et d'un oeil me redonnant la vue, je devais abandonner Envy'... C'est louche, comme nouvelle, il y a certainement un hic quelque part. Autant de cadeaux après avoir failli aussi pitoyablement à ma mission !

« Comment osez-vous demander plus que l'offre magnanime que l'on vous a faite ? »
« Je ne souhaite pas plus que de simples réponses. Où est l'os dans cette affaire ? Me donner tout ça, pourquoi ? »
« En fait, pour faire l'implant de l'oeil mécanique, il nous faut couper les câbles reliant l'oeil au cerveau. Ainsi, chacun de nos cobayes sont morts, car l'un d'eux est vital. Nous avions donc pensé qu'au vu de votre handicap, le votre pourrait sûrement être déjà et naturelle hors d'état, et donc coupable. »
« Vous me demandez de risquer ma vie dans une chirurgie ?! »
« C'est assez brutalement expliqué, mais c'est un peu ça. Et comme "cadeau de remerciement" pour avoir accepté l'oeil, déjà vous aurez la vue revenue, mais vous aurez une main de fer aux meilleurs fonctions pour vous. En plus, bien sûr, de votre honneur de rester parmi nous. »
« Si je refuse, je mourrai de toute manière... »
« Vous êtes perspicace. »
« Je n'ai pas le choix, apparemment... J'accepte. »
« Parfait ! »

L'homme lève ses mains en l'air et les frappe l'une contre l'autre dans un geste heureux. Il demande alors à ce qu'on m'emmène immédiatement en salle d'opération. Trois gardes viennent alors m'entourer et me demandent à leur tour d'avancer vers une porte du fond, menant à un couloir immensément grand. Quelle étrange manière de traiter les Cp9 volontaires !

Je dois me taper toute l'entièreté du couloir ; la salle d'opération est évidemment dans son fin fond, la dernière porte à droite. Les gardes me pressent d'entrer dans la salle, je manque presque d'en frapper un et ils osent ne pas rentrer avec moi, et rester dehors. Se prennent-ils pour plus forts qu'ils ne sont ? Ceux-là, si je les recroisent quand l'opération sera terminée -si elle se déroule bien-, regretteront leur insolence !

Enfin, la pièce dans laquelle j'entre maintenant est plus petite que la moyenne des autres sur cette île. Il n'y a de place que pour l'unique lit présent et pour tout l'attirail médicinal autour, qui prend quand même beaucoup de place. Il y a aussi cinq personnes ici, chacune en tunique blanche, trois se présentant comme chirurgien et deux comme ingénieurs.

C'est vraiment trop rapide. Quelques minutes avant, j'avais peur de ne pouvoir ressortir vivant de cette île à cause de mon licenciement, et maintenant j'ai peur de ne même pas pouvoir ressortir de cette salle d'opérations. Ma vie se voit chamboulée en aussi peu de temps... Je n'arrive même pas à ouvrir la bouche, tandis que les docteurs me prient de m'allonger sur l'unique lit.

Après une demande bien explicite des docteurs, je m'allonge sur le lit drapé particulièrement confortable. Enfin, même si ma capacité à dormir en toute circonstance est grande, là je ne suis pas du tout d'humeur pour cela. Et le confort du lit n'y changera pas grand chose ! La peur de ne pas me réveiller si je venais à m'endormir est bien plus forte en ce moment que tout sommeil, quel qu'il soit.

Pendant un moment, les médecins ne disent rien, ne s'occupant que de l'emplacement des machines. Ils m'accrochent aussi à l'aide de câbles collés sur mon crâne et mon buste à des machines, dont la plus remarquable est le cardiomètre situé à ma droite qui dès qu'il est branché sur moi, commence son petit bruit monotone "BIP, BIP, BIP,... "

« Souhaitez-vous un anesthésie, afin de ne rien sentir, voire même de vous endormir ? »
« Sûrement pas. Faites-moi ça à vif, je veux surveiller constamment ce qu'il se passe. »
« C'était prévisible venant d'un assassin professionnel. Très bien, mais je vous préviens, la douleur est presque insoutenable. »

"BIP, BIP, BIP,... "

Je fais un geste de la tête, leur faisant clairement comprendre que cela ne va en rien changer ma décision. Ah ça non, ils diront ce qu'ils veulent, je resterai éveillé, peu importe la souffrance que je devrai subir ! Ça me permettra de me prouver à moi-même que je ne suis pas encore mort. Ils me proposent tout de même un second médicament. Celui-ci ne m'endormira pas du tout, mais il atténue juste la douleur. Bon, celui-là ne me fera aucun mal psychologique pendant l'opération. Je l'accepte évidemment sans broncher le moins du monde. Quelque chose qui m'aide à supporter ce qui m'attend n'est pas de trop.

« Nous commençons donc. »

Je ne vais entrer dans les détails au niveaux de ce qu'il me font, je suppose que cela se devine facilement. Mais édicter cela en mot aurait été traumatisant pour beaucoup, c'est certain. Par contre, dès la première manipulation de leur part, même avec les effets du médicament, je ressens une douleur atroce allant du fond de mon crâne jusqu'au bout de mon iris. Cette sensation tellement forte me paralyse de partout, même mon petit orteil n'arrive plus à bouger. Les premières secondes, des débuts de cris sont sortis de ma bouche, mais l'opération avance et sa douleur me paralyse aussi les cordes vocales. Je sens mon sang couler en masse sur ma joue. C'est la première fois que le mien coule autant.

"BIP... BIP... BIP... "

Peu à peu, même ma capacité de penser se bloque. Je commence à penser à des choses complètement illogiques, puis plus rien ne semble me passer à la tête. Je ne réfléchis plus, allongé là, sur un lit confortable, en train de me faire percer le crâne... Maintenant, je ne ressens même plus la douleur. Plus aucune souffrance ne me traverse, mais je n'en reste pas pour le moins capable de bouger le petit doigt.

"BIP..... BIP..... BIP..... "

Mais soudain, tout ce qui s'était préparé en moi s'effondre sur le peu de force qu'il me reste et tout devient noir. Pas de la vue, qui l'était déjà évidemment, mais je ne ressens plus aucune présence. Je ne suis nul part, sans personne autour de moi. Là, c'est le vide intégral, un néant gigantesque s’immisce dans ma tête, me faisant évanouir au bout d'un moment.

"BIIIIIIIIIIIIIIIP..."

"BIIIIIIIIIIIIIIIP..."

« L'opération est terminée, on est en train de le perdre ! Maintenez-le en vie, merde ! »
« Qu'est-ce que...? AAAAAAH »

"BIIIIIIIIIIIIIIIP... CÂBLES DÉCONNECTÉS"

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« AAAAAAAAAH ! »

Redressé sur mon lit, je viens de hurler à la mort pour un cauchemar. Peu à peu, la situation me revient en tête. Je me rappelle de l'opération, de la douleur inqualifiable puis... Plus rien. Que m'était-il passé ? Ai-je survécu ? Pour le vérifier, j'essaye d'ouvrir mon oeil droit, mais il reste fermé, bloqué par quelque chose. Tâtant de ma main valide, je remarque qu'un ruban médical est enroulé autour de ma tête, cachant mon oeil. Une petite attention, et je ne remarque aucune présence autour de moi. J'ai aussi changé d'endroit. Je suis maintenant dans une plus grande salle, avec de nombreux lit, bien que le mien soit le seul à être occupé.

Mais alors, quelqu'un entre dans la pièce, et je reconnais alors l'aura du Chef des Cp9 auquel j'avais parlé un peu auparavant.

« Vous nous réservez bien des surprises, agent Gajeel. Voilà que vous avez soudainement à votre jouissance de tuer tous les chirurgien de la salle ? »
« Quoi ? De quoi parlez-vous ? »
« En fait, l'épée maudite que vous aviez manipulée à Impel Down ne prend pas possession que de la fertilité de votre main. Nous n'avions vu ça qu'une seule fois, il y a longtemps de cela, sur l'ancien directeur d'Impel Down, qui a légué son épée à sa suivante, aujourd'hui elle-même directrice, qui l'avait pourtant faite condamner. En général, ceux qui portent l'épée un moment la gardent jusqu'à brûler entièrement, à cause de leur cupidité de pouvoir et n'ont pas le temps de voir cette partie de la malédiction apparaître en eux. »
« Expliquez-moi, merde ! »
« On se calme, Gajeel. La malédiction de l'épée a pris possession de votre âme, et vous a fait faire des choses horribles. Plus vous attendrez, plus elle s’immiscera en vous et dévorera votre conscient, pour vous transformer finalement en la créature monstrueuse et cruelle qu'elle est. »

Il s'approche de moi, et me tend alors quelques bouts de papier. Je remarque alors la qualité de ces-derniers, montrant l'impression d'images, provenant de la caméra de surveillance de la salle d'opération dans laquelle j'étais. Je me reconnais, dessus. Mais... Je suis différent... Bien plus monstrueux ! Je porte un masque blanc recouvrant tout mon visage, brisant toute possibilité de voir la moindre humanité dans une quelconque émotion et, mon poing en l'air, j'en frappe un par un jusqu'à la mort !

Spoiler:

Comment est-ce possible ? C'est vraiment le genre d'histoire comme les contes pour enfants pour leur faire peur ! Une épée maudite qui me créée un second visage cruel et sadique ? D'accord, je ne suis pas clean à la base et les meurtres ne sont pas rares avec moi, mais je ne suis pas cruel, à tuer tout ce qui bouge !

« Et pour l'oeil ? »
« Vous êtes vivant, cela ne vous montre-t-il pas que l'opération est une réussite, même si vous avez tué tout le monde ? Nous avons tout de même profité de votre évanouissement temporaire pour placer votre main mécanique, bien qu'elle ne puisse pas encore bouger. Nous devons encore terminer les derniers détails, mais le plus gros est fait. »
« Hein ?! Combien de temps suis-je resté évanoui ?! »
« Quatre jours. »

Cela fait quatre jours que je suis allongé sur ce matelas douillet, sans mouvement de cil, sans aucune trace de vie en dehors de mon coeur qui, seul, continuait à battre autant de temps, sans demander aucune aide ou réclamer mon réveil. J'ai tenu le coups. L'oeil est inséré en moi et je ne suis pas mort. Je me tâte de nouveau le visage, je prends mon pouls, me pose la main sur mon coeur pour le sentir battre. J'ai survécu à s'insurvivable...

Alors que le Chef du Cipher Pol 9 demande deux ingénieurs pour terminer ma main, je me mets à rire. L'homme ne semble pas s'en étonner, je viens après tout d'échapper à une mort qui était pourtant si probable. Mon rire, si fort, si audible, résonne dans toute la pièce pour ressortir dans l'entièreté du bâtiment. La bouche grande ouverte, des larmes coulent pour la première fois depuis plus de 17 ans de mon oeil gauche, le seul encore voué à rester dans mon crâne.

Ce n'est que lorsque les ingénieurs entrent dans la pièce, quelques minutes plus tard, que je me décide enfin à contenir mon rire. Il s'approchent de mon bras, sortent leur outils, et commencent à travailler dessus. Evidemment, ils me préviennent que ce qu'ils font en ce moment est indolore et sans aucun danger. Ils ne travaillent que sur le métal, pas sur mon corps en lui-même.

« Je n'ai pas plus de temps à vous consacrer, donc je vous donne pas mal d'informations en vrac : Votre forme démoniaque n'apparaît que lorsque votre âme est possédée d'un sentiment négatif. C'est-à-dire lorsque vous êtes torturé, blessé, triste ou en colère, par exemple. Comprenez-vous ? Evitez donc ce genre de sentiments si vous ne voulez pas recréer un drame pareil. Ensuite, nous pourrons enlever les bandages sur votre oeil de cyborg dans une semaine. D'ici-là, vous êtes prié de rester dans les alentours ! Il y a une salle d'entraînement réservée aux Cp9, vous pourrez vous accomoder à votre main mécanique et en profiter pour apprendre à maîtriser ne serait-ce que le Tekkai. Sur ce, je vous souhaite bon vent, et à dans une semaine. »

Il tourne alors des talons, les mains derrière le dos et s'avance d'un pas solennel vers la porte de sortie. Mais lorsqu'il est juste au pas de cette dernière, il s'arrête et lance derrière lui, avant de partir pour de bon :

« Au fait, nous vous avons réservé une chambre un peu plus loin dans ce bâtiment-même. Une infirmière vous y conduira lorsque vous serez en état de sortir de ce lit d'hôpital. Ah et je laisse à ces deux messieurs à vos côtés, ayant construits entièrement votre attirail à la main, de vous expliquer ses capacités. »

L'homme déjà reparti à ses fonctions, je me tourne alors vers les deux hommes, qui semblent d'ailleurs en avoir terminé avec la machine. Eh bien, c'est qu'ils sont rapides, ces deux-là !

« Ses capacités ? Que voulait-il dire ? »
« Ahaha, mais monsieur l'agent, vous pensiez qu'une main robotique donnée par le gouvernement mondial à un assassin n'allait contenir aucune arme ? Elles sont même spécialisées pour vous ! »
« Ne me prenez pas pour un imbécile, je viens de me réveiller d'un coma de plusieurs jours, je pourrais vite m'énerver. »
« Ce... Ce n'était pas intentionnel, excusez-moi, monsieur l'agent. »
« Alors, ces armes ? C'est quoi ?! »
« Ah ah oui ! En fait, chaque doigt possède sa propre fonctionnalité. L'index est un fusil et possède un chargeur de 5 balles, les deux du milieu ne possèdent encore rien, mais le pouce et l'auriculaire sont bien faits pour vous. Y circule dans des tubes -à l'extrémité de votre main- des neurones ! Ainsi, tant que vous pointé votre main vers quelqu'un, vous pouvez utiliser votre fruit du démon contre lui à distance, bien que cette dernière soit assez réduite... »
« Ouais ?! Trop génial ! »

Pour tout élément de preuve, je tends ma main robotique vers l'ingénieur qui vient de parler et utilise les pouvoirs de mon fruit du démon, comme si je suis en train de le toucher. A ma plus grande stupéfaction, il se mets alors à danser et à sauter dans la salle. L'autre, à l’affût, m'abaisse le bras, et permet à l'homme de s'arrêter. Incroyable ! Je vais enfin pouvoir entrer chez les combattants forts avec ça !

« waw... Je sens que ça va chier ! Qu'on me fasse sortir de ce lit barbant, j'ai à faire ! »

Finalement, après de longues heures de négociation avec l'entièreté du personnel médical du bâtiment, j'ai réussi à convaincre les infirmières de me laisser partir. Je me sens frais, nouveau, prêt à vivre une aventure que je n'aurais jamais pu voir sans ces quelques derniers jours. Je le vois bien, je le devine ! Ces appareils donnés sont pour moi des cadeaux du ciel qui me permettront d'enfin me séparer du groupe basique dans lequel tout le monde est pour me placer dans les reconnus ! Mais le gouvernement n'a aucun soucis à se faire ! Je reste loyal au Cp9, même si l'entièreté de mes objectifs sont désormais modifié. Premièrement, je dois trouver le moyen de contrôler l'ombre en moi, voire même de la supprimer si le contrôle est impossible. Ensuite, j'irai détrôner de son grade le Chef des Cp9, et deviendrai le plus redouté des assassins en série !

A peine sorti de ce maudit lit, je m'habille de ma nouvelle longue tunique blanche sans manche et de mon habituelle écharpe roulée sur elle-même, passant deux fois autour de mon cou. Mon nouveau katana traîne juste à côté de mes vêtements. Je le prends en main, et le dégaine. C'est donc la fameuse Suzumushi, l'une des 50 lames de qualité supérieure. Sa couleur anormalement blanche doit sûrement avoir un pouvoir particulier, mais lequel ? Ah ! Je ne tarderai pas à le savoir !

Je range alors la lame blanche dans son fourreau, que j'attache avec soin à la partie gauche de ma hanche. Le noeud fait, le bandage couvrant la moitié de mon crâne, je sors alors enfin de cette chambre où l'air commence sérieusement à manquer.

Enfin sorti de cette pièce oppressante, je respire à plein poumon l'air nouveau qui s'y infiltre. Mon sourire n'a de cesse d'élargir mes joues, tandis que je me dirige déjà vers la salle d'entraînement. Alors que j'y entre, confiant à moi-même, je remarque que je n'y suis pas seul. D'autres membres du Cp9, à ce que je vois. Parfait, nous pourrons faire connaissance, pour me permettre de m'entraîner sur quelque avec mon fruit du démon !

« Je vous salue ! Je suis l'agent Ferl' Gajeel ! »
« Tiens, un bleu ! »
« Un... bleu ? J'ai déjà réussi pas mal de missions ! »

Un homme s'approche alors de moi. Il est d'une grandeur bluffante et tout aussi bien bâtit qu'un chêne vieux de 600 ans. Ses longs cheveux blonds, gras, lui tombent sur la tête, lui masquant la moitié de son visage. Il me prend alors son son bras, et me parle comme si je suis un gamin, mais avec une incroyable bonne humeur, de sa voix gutturale :

« Peut-être, mais pour l'instant personne ici ne te connais ! Donc t'es un bleu ! Tu restes combien de temps dans cette ville ? »
« Environ deux semaines. »
« C'est entièrement suffisant pour faire connaissance ça ! Tiens, on va même te montrer quelques techniques et t'aider à devenir un vrai assassin ! »

Un peu plus loin, une femme assise sur un tabouret relâche l'attention qu'elle portait juste avant entièrement sur son livre énorme pour la braquer sur Ferl'. Ses yeux félins le fixent intensément pendant plusieurs secondes, avant qu'elle n'élève la parole, de sa voix forte et douce à la fois :

« Tu as de la chance de rencontrer Bobo' dans l'un de ses rares moments de gentillesse. D'habitude, il crache sur les nouveaux. Vu qu'il t'a aimé la première fois qu'il t'a vu, il te portera toujours dans son coeur, sois-en bien certain. Et c'est une chance inouïe que tu as là, je peux te l'assurer. Peu de gens peuvent en jouir. »

Elle se lève alors et continue en disant qu'elle, par contre, ne porte quelqu'un dans son coeur, aussi minuscule soit-il, que lorsqu'il a fait ses preuves, et lorsqu'il lui aura montré de quoi il est capable.

« Quels sont ces bandages que tu as là ? Si c'est une blessure dans une mission, tu vas devoir partir de bien bas ! »
« Disons que... C'est ma porte d'entrée vers la puissance. »

Je pense que j'aurai de quoi faire, avec eux deux, ces prochaines semaines... Cet entraînement va s'avérer épique, je le sens bien. Que les bains de sang se tiennent prêts, je serai bientôt là !

La semaine pendant laquelle je dois garder mon bandage sur la tête passe à une vitesse affolante. Après ma rencontre avec Bobo et Kiza, deux autres agents du Cp9, je n'arrête plus de m'entraîner. Maintenant, alors que je suis en chemin vers la grande salle d'opération pour me faire enlever les bandages frontaux que je supporte depuis trop longtemps, je me remémore tout ce dont j'ai été capable de faire cette semaine.

Je récapitule donc, je commence à maîtriser un début de "Tekkai", l'une des 6 techniques du Rokushiki. Cela fera la troisième acquise, sachant que je n'ai pas encore dans mes plans d'apprendre les autres, moins utiles pour mon cas. En revanche, ma main mécanique a de moins en moins de secrets pour moi ; j'arrive à maîtriser mes techniques, à une distance minime certes, mais à distance quand même, sans avoir besoin de toucher un quelconque crâne sali.

J'arrive alors dans la grande salle où m'attend une infirmière, interrompant ma récapitulation qui, de toute manière, est terminée. La femme aux contours fins me souhaite tout d'abord bienvenue, puis me demande d'approcher et de m'asseoir sur le lit. Je m'incline à faire les tâches demandées, et attends qu'elle termine ses affaires et qu'elle s'approche enfin de moi.

Elle pose alors ses deux mains sur ma tête. Après avoir trituré quelques secondes dans mes cheveux, elle retire une épingle et déroule le bandage pour le ré-enrouler sur son propre poignet. Etrange, une fois terminé, je ne vois toujours rien. Y aurait-il eu un problème dans l'opération ?! Mais alors, posant son doigt léger sur l'oeil de cyborg, elle retire un nouveau cache qui était à l'instant précédent collé sur ma pupille de métal.

S'offre à moi un spectacle magnifique, auquel je n'avais participé depuis des lustres entiers ! Je vois ! Je ne dois plus deviner les contours et les formes de ce qui se trouve autour de moi ! Je discerne bien les lèvres droites, ennuyées par la lassitude du même travail depuis des années de l'infirmière, ses yeux clairs imbibés de maquillage et, derrière, toute l'architecture du bâtiment. C'est grandiose, plus que tout ce que j'ai rencontré depuis fort longtemps.

La femme pose alors ses doigts sur mon oeil de cyborg et le fait rouler sur lui-même. Concentrée, je n'ose pas la déranger, tandis qu'elle note quelques "+" dans les cases du bout de papier qu'elle porte sur son genoux droit, croisé au dessus du gauche. Ces "+" signifient que tout est correct !

« Avez-vous des défauts de vue ? »
« Non m'dame ! »
« Avez-vous mal à l'oeil ou à la tête ? »
« Non m'dame ! »
« Donnez-moi mon nom, prénom et profession de l'avant-dernier client traité. »
« Hein ?! Comment voulez-vous que... WAW ! »

Apparaît alors, par l'intermédiaire de mon oeil incroyable, tout ce que je voulais savoir sur cette femme. Son métier, son âge, ses hobbies, ... J'ai même, si je le souhaite sa force et sa dangerosité ! Avec, en prime, un calcul en pourcentage de mes chances de gagner si un combat venait à être engager. Comme je m'y attends, je vois "inoffensif, aucune force physique, grande intelligence, chances de gagner si combat : 100%".

« Hem... Julia Suzamii, votre avant-dernier client s'appelle Yoto Mahote et est charpentier au port d'Enies lobby. Il était venu vous voir à cause d'une jambe cassée. Incroyable ! »
« C'est parfait, il n'y a pas de problème, je peux aller prendre ma pause. »

Elle se lève alors, et se dirige vers la sortie, blasée de mon comportement étonné. Après tout, elle en a sûrement vu beaucoup, des clients défiler et s'extasier devant les merveilles de la science. Mais alors, elle se retourne et ajoute avant de partir pour de bon que quelqu'un souhaite me voir, et qu'elle le fait entrer.

Etrange, quelqu'un veut me voir ? Je me suis lié d'amitié avec deux agent du Cp9, mais pas suffisamment pour qu'ils viennent vérifier mon état de santé à l'hôpital... Alors qui ?

A ma plus grande stupéfaction, un petit corps noir apparaît sur le pas de la porte. Le petit corps est tout boueux, salis par le manque de douche, bien que deux lignes, en dessous des yeux sont propres ; des larmes continuent à y couler. C'est Envy'.

Oh non... Envy' ! Pas maintenant !! NON !! J'avais l'intention de partir avec lui, sans que personne ne le sache, et de rester à ses côtés, mais ici il y a des caméras partout, je suis surveillé par mes supérieurs ! Je suis obligé de lui dire que l'on doit se séparer.. Mais s'il a une réaction excessive, je risque de ne jamais pouvoir repartir avec lui !

« Je... Je t'ai attendu deux semaines. Aucune nouvelle pendant DEUX SEMAINES !! »
« Je suis désolé, Envy', je n'en ai pas eu l'occasion. »
« Pas eu l'occasion ?! Et c'est quoi cet attirail ?! Qu'est-ce qu'il se passe ?! TU m'as oublié ?! »
« Envy'... Nous ne pouvons continuer la route ensemble. Tu dois repartir et vivre ta vie comme tu l'entends, mais moi j'ai un devoir à accomplier, et rester avec toi te mettrais en danger... »
« Quoi...? Tu... te débarrasses de moi à cause du danger...? Tu es sûr...? »
« Je suis désolé Envy', tu dois partir maintenant... »
« JE VAIS TE MONTRER QUE LA MORT NE ME FAIT PAS PEUR ! SI JE N'AI PLUS L'OCCASION DE T'ACCOMPAGNER, JE NE VOIS PAS L’INTÉRÊT DE VIVRE POUR QUOIQUE CE SOIT D'AUTRE !! »

Il sort alors de son pantalon un petit katana pour enfant, quoique fort tranchant tout de même. Et merde, il a une réaction excessive... Qu'est-ce que je dois faire, merde ?! A chaque coup qu'il me donne, il se doute que je l'évite et répète sans arrêt : "TUE-MOI ! TUE-MOI !". Il s'est trop attaché à moi, mais j'étais sa seule raison de continuer la vie, après tout. Mon oeil a beau calculé tout seul, probabilité de réussite dans le combat : 100%, je l'ignore complètement et continue d'éviter les coups, ne souhaitant pas du tout engager un combat avec le petit garçon que je considère comme mon protégé.

J'ai beau essayer de résonner son esprit infantile, il ne s'arrête pas, et frappe de plus en plus fort. A certains coup, je me mets exprès dans le chemin de son sabre, parce que, n'arrivant pas très bien à la manier, il se retournerait contre lui et le blesserait.

La peine me déchire les boyaux. Voir ce petit gosse que j'aime tant, en larmes, prêt à voir sa mort en face pour ne pas de nouveau être seul, me fait une peine immense. Voulant arrêter ce carnage sentimental, j'attrape son bras lors d'un de ses innombrables coups et le frappe de plein fouet dans l'estomac, lui bloquant la respiration et le faisant évanouir.

Des infirmières viennent le chercher et me promettent de trouver une merveilleuse famille d'accueil pour lui. Et tandis que je le vois s'en aller, probablement pour la dernière fois, je regarde enfin ses vrais traits avec un regard humain normal. Une larme coule de mon oeil valide. L'absence de cet enfant me brise d'ores et déjà le coeur.

C'est rapide... Trop rapide. Tout cet entraînement n'a plus l'air d'être aussi utile que ce que je le croyais il y a vingt minutes. Toute la joie que j'avais semble disparue. Je pensais pouvoir le retrouver, en pleine forme, à m'attendre bien sagement dans notre bateau, pour sourire et me prendre dans ses bras lorsqu'il me verra arriver... C'est absurde à penser, en y prenant du recul.

Enfin, je réussis tout de même à me trouver une consolation dans ce qu'il vient de se passer. Désormais, Envy' ne sera plus jamais en danger à cause de mes actes assassins. Sa sécurité me rassurant le coeur, je retourne dans mes quartiers dormir le reste de la journée. Fini l'entraînement pour aujourd'hui.

Ce qu'il s'est passé avec Envy' dans la chambre hospitalière est marqué en moi. J'y pense beaucoup, je me demande ce que j'aurais pu faire de meilleur pour lui. Mais je ne regrette rien. Je n'avais ni le choix, ni la responsabilité de le garder avec moi. Maintenant, je vais commencer à faire des missions de plus en plus risquées et d'un haut niveau. Un petit enfant à l'âme pure n'a pas sa place aux côtés d'un assassin tel que moi.

Mais malgré cela, je continue de m'entraîner. J'étudie ma nouvelle épée. Elle est l'une des 50 lames de qualité supérieure. Sa lame est plus blanche que n'importe quoi. Très légère, autant que tranchante, elle est aussi d'un charme sensationnel ! Sa blancheur doit bien avoir une capacité particulière, mais elle est alors inconnue du monde humain. Les nouvelles techniques grâce à ma main affluent et deviennent maîtrisées. Je fais souvent des combats avec les autres. En général, je bats tous les marines qui se mettent dans le terrain, je bats une fois sur deux Kiza, la femme du Cp9 et je me fais exploser à chaque fois par Bobo, l'agent de la même organisation à la force de frappe incroyablement puissante. J'ai beau éviter une grande partie de ses coups, les miens sont inefficaces contre lui et dès qu'il me touche une fois, je suis K.O., même en utilisant le Tekkai.

En fait, mes capacités combatives s'améliorent tellement bien ici, que je reste même une semaine de plus. CHaque jour, je me lève à 8 heures, je mange rapidement et je vais m'entraîner, pour n'avoir comme seule pose que les ravitaillements naturels. J'arrête en général de m'entraîner avec les deux autres Cp9 vers huit heures, pour passer ma soirée en compagnie de Kiza, la femme du Cipher Pol qui m'a accueilli plusieurs semaines auparavant.

Il y a quelque chose de spécial entre-nous deux, qui s'installe peu à peu. Elle avait beau avoir eu une réaction négative lorsqu'elle m'a vu la première fois, son humeur s'est rapidement beaucoup améliorée. Je n'y suis pas du tout habitué, alors je ne peux vraiment l'affirmer, mais ses sourires lorsqu'elle me voit semblent me susurrer à l'oreille qu'elle m'apprécie plus qu'elle ne souhaite me le montrer. C'est mignon...

Enfin, ce n'est pas cette petite divagation entre-nous qui nous empêcher de faire les combats les plus spectaculaires de toutes les salles d'entraînement. Bien que ni elle ni moi ne sommes les plus forts de l'île, nos combats sont à chaque fois emplis de retournement de situation ; on utilise tout l'emplacement ; les techniques comme les tactiques changent toutes les dix secondes parce qu'après tout, ce qui rend nos combats si attractifs pour tous les marines qui prennent peu à peu plaisir à nous voir nous battre, ce ne sont pas les vêtements bien souvent moulants de Kiza (ou enfin, pour que ça... ou pas pour tous... heu... ENFIN BREF !) mais notre capacité à inventer des tactiques toutes bien complexes en quelques secondes, le temps de parer le coup reçu.

En comparaison avec nos combats, personne ne regardent ceux entre Bobo et moi. Evidemment, on commence, j'évite quelques coups, il me touche enfin, je suis assommé pour 10 minutes. C'est bien plus rapide... Mais moins impressionnant à vrai dire.

Une seule fois, la partie obscure endormie en moi à cause de la malédiction de mon épée précédente s'est réveillée. C'est lors d'un combat entre Kiza et moi. En réalité, lors d'un match, personne ne retient ses coups. Pas dans le Cp9. Mais quand on a gagné, on s'arrête, et on tend la main pour relever son adversaire. Je ne me rappelle pas du tout du combat, mais voilà ce qu'on m'en a expliquer : Kiza prenait le dessus du combat en utilisant sa souplesse de chat en me donnant des petits coups par-ci par-là. Alors, sans crier gare, mon masque cachant l'entièreté de mon visage est apparu et j'ai réellement changé d'attitude, tout comme de force. Le combat n'a pas duré, et Bobo qui était exceptionnellement en spectateur à dû me frapper de toutes ses forces pour m'empêcher de tuer Kiza.

Effectivement, je la retrouve emplâtrée de son bras gauche lors de mon réveil. Ah, comme je m'excuse encore et encore devant elle pour cela. Je m'en veux vraiment, même si elle m'affirme que ce n'est pas grave. Maintenant que je maîtrise mes capacités combatives, il faut impérativement que je trouve le moyen de supprimer ou de dominer cette malédiction horrible et inconvenante.

Il me reste trois jours d'entraînement ici, mais je me sens prêt. Je décide alors de raccourcir mon séjour, de peur de refaire un "bad trip" comme beaucoup appellent cela. Demain matin, je partirai.

Ma décision prise est irrévocable. Malgré les malheureuses réfutations faites par les quelques amis que je me suis fait pendant ce séjour, je pars, et rien ne m'en empêchera. Sur les mers comme sur les îles, j'obéirai toujours aux ordres, j'agirai toujours tel un Cp9, mais mon premier but devient tout autre. Toutes mes pensées sont fixées sur ma malédiction qui, j'en ai bien peur, va probablement me suivre fort longtemps.

N'ayant pas revu le Chef depuis mon opération, je ne me fatigue pas à essayer de le trouver. Puis, l'amitié avec un chef pareil n'est pas de mise, pas dans une organisation d'assassinat secret. Ceux avec Bobo sont cours, il me fait promettre qu'on se reverra, il me fait une tape amicale -qui m'explose quand même la colonne vertébrale- et retourne à ses occupations.

Vient alors le tour de Kiza. Elle sourit, mais d'un haussement triste des lèvres. Enfin, je pense que triste est un bien grand mot, nous ne sommes pas si proches l'un de l'autre, après tout. C'est elle qui prend la parole la première, avec un haussement suraigu de sa voix, sonnant faux. Sa voix déjà chevrotante à la base tremble, comme une feuille d'arbre balayée par un vent trop puissant.

« On se reverra, un jour ? »
« Je l'espère fort, Kiza. Bonne chance dans ta route. »

Je la prends dans mes bras. Malgré sa réputation de tueuse sanguinaire, elle semble toujours étonnement petite et faible avec moi. Elle recule alors sa tête qu'elle venait de poser calmement sur mon buste. Après un sourire timide, elle avance sa tête de la mienne et c'est moi qui termine le chemin. Nos lèvres embrasées se touchent alors et le fléau de son absence future m'arrache déjà le coeur, tandis que mon esprit tout entier ne se consacre plus qu'à ses lèvres remuantes.

Nous sommes restés longtemps ainsi, serrés l'un contre l'autre. Précisément, je ne pourrais dire combien de temps, mais ça m'a semblé heureusement long. Malgré tout, nos têtes se séparent et nos lèvres se quittent. Il y a beaucoup de témoin de ce qu'il vient de se passer mais aucun n'ose dire quoique ce soit, au risque de se voir être la cible prochaine de deux tueurs en série. Le seul qui réagit alors est Bobo, faisant de long commentaires bien peu emplis de tact sur ce qu'il vient de se passer. Mais personne ne l'écoute.

Je les quittent alors, dans un dernier sourire. Personne n'est vraiment triste de mon départ, je ne suis qu'un étranger effrayant pour tout le monde, mais je sens au moins l'attachement que me porte les deux autres Cp9. C'est déjà un réconfort.

Je me surprends alors à descendre les escaliers aujourd'hui aussi lentement que lorsque je les avais escaladés en arrivant sur l'île. Ah, ces souvenirs. J'avais peur de ce qui allait m'arriver. Sache, moi du passé, que tu vas survivre, et devenir puissant. Sache qu'un jour, tu deviendras le Chef des Cp9 et tu seras respecté des seuls qui te connaîtront.

En parlant de respect, lorsque je suis enfin entièrement descendu de ces maudites marches interminables, un marine m'interpelle alors. Il fait des remarques considérées comme négatives à propos de mon rang qui améliore de trop le respect que l'on me donne comparé à celui que l'on me doit. En hurlant, il dit alors qu'il pourrait très bien prendre ma place. Il a dégainé son épée et courrait vers moi. Le fou.

Un geste. C'est tout ce qu'il me faut pour le maîtriser. Mon bras droit levé et la main tendue vers lui, le marine s'est arrêté. Lentement, par une force mystérieuse dont il est visiblement en train d'essayer de lutter, sans grande réussite, il place son épée sur son cou, et étend ce dernier, montrant un long cou bien visible. Sa lame est placée contre, et déjà un petit filet de sang coule. Il s'effondre alors, en même temps que mon bras qui vient de le lâcher. Portant sa main à son cou, il se tâte alors, évaluant la blessure.

Il me demande alors "Mais qu'est-ce que tu es ?!". Je ne lui répond pas. Je reste digne et fier, dans un moment pareil c'est un grand moyen de se voir grandi dans les esprits d'autrui.

J'accède alors à mon bateau, vidé de toutes les affaires d'Envy. Adieu les petites siestes pendant que quelqu'un d'autre fait le sale boulot de navigateur... A moi le travail et l'acharnement. C'est ce qu'il va me falloir pour enfin devenir celui que je mérite d'être !